Petite étincelle engendre grand feu

Awaken the fire within


Les rayons du soleil peinaient à se frayer un chemin au travers le fin voile qui couvrait le territoire de Luvneel. Les cieux déversaient une fine couche poudreuse, froide et blanche sur l’ensemble du pays. Cependant, cette fine couche délicate ne parvenait à toucher terre à l’endroit où se trouvait le jeune chimiste. Givré, le sol était complètement glacé par la météo qui gagnait sur les contrées de Luvneel. Ce phénomène était seulement expliqué par la malédiction qui le frappait depuis qu’il fut forcé à manger cette baie. Baie qui lui avait conférée le pouvoir de commander et devenir le feu. Au-travers des arbres se cachait un petit campement improvisé par le chimiste, que ce dernier avait placé sur les quelques branches qui s’entrecroisaient, créant ainsi un abri suffisamment grand pour réfugier le jeune homme.

Les bras au-dessus de sa tête, arqué, étirant ses joints, accrochant son kit de chimie, le jeune homme se réveillait lentement avant d’entreprendre cette journée. Le chimiste avait pour but d’étaler ses connaissances sur les pouvoirs qu’il avait acquis, ayant tout récemment découvert les aspects essentiels de cette capacité. Le chimiste ignorait par où commencer et comment allait-il pouvoir aspirer à la puissance qui l’habite. Notamment, il savait que son corps pouvait la matière lorsqu’il se faisait attaquer physiquement. Ce qu’il voulait savoir c’était comment pouvait-il transformer son corps dans une mesure offensive, étant désormais laissé à lui-même, il se devait de pouvoir se défendre.

Le problème avec ce pouvoir, c’est qu’il était grandement risqué de s’entraîner sur la colline, notamment pour la forêt qui prospérait jusqu’aux abords de la capitale. En prime, ne sachant pas comment contrôler ce pouvoir, il se pourrait que l’entièreté de Luvneel soit en danger. Dans cette optique, le jeune homme n’avait guère le choix que de jouer les nomades et trouver l’endroit idéal. Il dût, dans cette mesure, plier bagage et trouver l’endroit idéal qui lui permettrait de contrôler son pouvoir, sans être une menace pour la société.

Il se mit en marche, mettant le cap au nord de Luvneel, aspirant à rejoindre la berge d’ici les heures à venir. Ces compétences de « seekers » allaient lui être bénéfique dans cette perspective, vu la vitesse et l’agilité dont il bénéficiait depuis son entraînement. Malgré le poids qu’il portait, il se mit à courir derrière la capitale, évitant les arbres qui encombraient son passage, sautant par-dessus, voir même en passant dessous les troncs. Il regardait quelques fois derrière lui afin de voir où était Luvneel afin de ne pas dévier de sa trajectoire. Aussi facile cela pourrait être, n’importe qui serait en mesure de retracer le chimiste. Ce dernier laissait derrière lui les traces de son passage, faisant fondre la neige autour de lui. Quiconque aurait pour idée d’en vouloir après son fruit pourrait facilement le retrouver et tenter de lui prendre. Bien qu’il se sût intangible, la simple idée d’être traqué l’angoissait, le préoccupait, l’inquiétait, mais malheureusement, il ne pouvait contrôler cette chaleur qui émanait de son corps.  

Il courrait depuis un bon moment déjà, ayant traversé les quelques collines et boisées qui parsemaient le territoire de Luvneel. Sa course l’avait mené assez loin devant lui, que le palais royal était même plus visible. C’est ainsi qu’il sût qu’il était rendu assez loin. Il s’arrêtait soudainement, c’est avec les mains sur les genoux, accroupis, que le jeune recherchait son air, époumoné par sa longue course. Sa vision devint floue, comme si un nuage lui passait devant les yeux. Une brûlure se propageait dans ses poumons, comme si ce dernier allait prendre feu, ce qui fit en sorte que le jeune chimiste se laissa tomber au sol, appuyé sur ses mains et genoux. Suivant la brûlure qui s’attaquait à ses poumons, des sueurs froides lui parcouraient le long de la colonne. « Ça faisait une éternité que je ne n’avais pas couru de la sorte. Ça devait au moins faire cinq ans. », pensait-il. C’était tout de même le cas, la dernière fois que le jeune homme avait couru datait de sa dernière mission avec les « seekers ».

Plusieurs minutes passèrent, alors qu’Isaac cherchait de moins en moins son souffle qui l’avait quitté quelques instants plus tôt. Il se redressa lentement, appuyant ses fesses contre ses pieds, assied tel un moine méditant. C’est en ouvrant les yeux de nouveau qu’il réalisa qu’il était parvenu à trouver l’endroit idéal.

Un ciel dégagé, un soleil plombant, un terrain à l’abris des intempéries, quelques arbres séparés de plusieurs pieds, il reconnaissait bien là le paysage idéal. Il regardait l’horizon comme s’il voyait la vie pour la première fois. Émerveillé, le jeune homme se souleva, se tenant sous la pénombre que les arbres derrière lui imposaient au terrain sur lequel il se trouvait. Sourire aux lèvres, il s’avança tranquillement, reposé, vers l’horizon, prêt à découvrir le pouvoir qu’il l’habitait. Bien que douloureuse, la marche qui le séparait de son endroit de prédilection fut rapidement parcourue.

Isaac s’assied, puis se mit à repenser aux choses que Henry, le fils de son ancien maître, lui dit de faire, répétant les mots qu’il lui avait été dit, en même temps de les mettre en action.

- Donc…  Je ferme les yeux, je visualise la flamme, puis je lance.

Isaac senti son poing prendre soudainement feu, les flammes se propageant jusqu’à son coude, puis il ouvrit les yeux. Le fait de voir son poing allumé tel une torche, le fascinait au plus haut point. Il amena sa main devant lui dans le but de l’observer de plus près. Le son des flammes qui battaient dans l’air le satisfaisaient. Il étira ses jambes pour avoir une meilleure stabilité, ramena son bras au côté de sa tête, esquissa un sourire, puis lança son poing devant lui en visant l’un des arbres. Un poing de feu parti de l’avant, connectant continuellement avec son bras, puis trouva rapidement sa cible. Le bois fût transpercé à la forme d’un poing, coupant l’arbre en deux, immolant les deux parties séparées depuis la zone d’impact. Le jeune homme ramena sa main au niveau de ses hanches, puis le feu qui émanait de son bras s’apaisa, pour finalement s’éteindre complètement. Son excitation croissait en fonction de l’étouffement du feu qui émanait de son bras, puis d’un coup, se mit à rire et sauter de joie. Il lança ses mains dans les airs, puis se laissa tomber sur le dos, tout aussi souriant.

- Archi… Merci, tout ça, c’est grâce à vous…

Bien que sachant son maître décédé, sa conscience se devait de le remercier. Il se releva lentement, puisqu’il savait bien évidemment, qu’il ne devait pas s’arrêter là. Il savait comment tirer une boule de feu, maintenant son poing avait la force de briser un arbre à l’aide des flammes qui se solidifiaient, il devait trouver autre chose, peu importe ce que c’était. Mais avant tout, il devait voir s’il parviendrait à recréer cette offense les yeux ouverts. Il reprit position, les jambes écartées, le bras à côté de son oreille, puis focalisa sur sa cible, voisine à sa dernière qui flambait toujours. Il concentra son énergie dans son membre, qui prit soudainement feu. Le son des flammes l’excitait toujours, lui rendant son sourire immédiatement.

- Hi..KEN!

Le survivant lança son poing de l’avant comme la dernière fois tout en s’exclamant, puis un jet de feu guidé à la forme d’un poing se précipita sur sa cible. La victime subit les mêmes dégâts que la dernière, puis s’abattu à son tour au sol. Une chose qu’Isaac n’avait pas considéré, c’est que le feu se propage, puis ses flammes semblaient différentes de celles qui brûlent normalement. La chance pour ce dernier qu’il ait choisi de s’entraîner près de la mer, puisque par ce fait, la faiblesse élémentaire naturelle du feu se trouvait à portée de main. Voyant les flammes qui commençaient à se propager, Isaac accouru pour tenter d’éteindre ses victimes, en premier lieu, il se mit à sauter pieds joints sur le sol enflammé, pour ensuite se précipiter à la plage pour y récupérer du sable afin de créer une barrière qui empêcherait la combustion d’étaler ses dégâts. « Je suis dans la merde » pensait le maudit à répétition.

Remarquant que le sable semblait fonctionner un minimum, il fit plusieurs allers-retours entre la berge et le petit boisé, saupoudrant du sable sur les flammes. Tentant désespérément de les éteindre, il se remit à piétiner le brasier. Pensant de plus en plus à l’éteindre, ne visualisant que les flammes, le jeune homme fut prit d’une malédiction supplémentaire. Étant la façon de puiser dans son pouvoir, pensant trop aux flammes, Isaac inconsciemment invoqua des flammes à ses pieds, rallumant le brasier qui était plus intense, allumant les arbres qu’il n’avait même pas touché.

- Putain! J’peux pas rester ici, j’dois partir.

Le maudit se précipita vers ses effets personnels, les empoigna au passage, ne prenant pas la peine de les placer convenablement sur son dos, reprenant le chemin qu’il avait fait qui se dirigeait vers la capitale. Il regardait souvent derrière lui, voyant la fumée qui s’élevait dans les airs, le faisant encore plus culpabiliser. Dans sa course, ayant oublié les quelques obstacles qu’il avait surmonté, il s’enfargea dans une branche qui sortait du sol, échappant ses biens au sol, le faisant glisser sur quelques mètres. Les deux mains appuyées sur le sol, il s’empressa de récupérer ses effets personnels et se releva. Il regardait toujours derrière lui, voyant encore la fumée qui s’élevait dans les airs.  Le stress le fit surpasser le temps qu’il avait mit pour se rendre à cet endroit, même après s’être enfargé. Son retour fut surpris par un duo de gardes qui faisaient une ronde près des portes de la mégapole. Anxieux, le chimiste se colla contre le mur, tel un criminel tentant d’infiltrer un lieu interdit dans l’espoir de le voler. Il en profita pour calculer les berrys qui lui restait, puis espérait être encore assez fortuné pour prendre le premier navire qui décollait. Il prit le temps de se calmer avant de pénétrer dans l’enceinte de la capitale, puis parcourut les rues de Luvneel, de façon nonchalante, histoire de paraître invisible et innocent.

Les rues étaient beaucoup plus agitées que lorsqu’il était parti. Isaac distinguait aisément les marchands qui vantaient l’aubaine sur les quelques produits, tentant par tous les moyens de concurrencer avec les autres détaillants. Il se fit même accoster par un homme qui tentait de lui vendre une potion secrète capable de guérir la mort. À quoi dire que tous les moyens étaient bons pour faire de l’argent. La seule envie qu’il eût à cet instant était de verser quelques goutes de sa petite fiole qu’il gardait précieusement dans son manteau. C’était aberrant quant à lui de prétendre être capable de soigner la mort. La mort ne se soigne pas, c’est la fin d’un voyage. Cette situation le frappait avec nostalgie, se rappelant notamment tous ceux qu’il avait perdu dans les dernières semaines. Il savait cependant qu’il ne devait pas se laisser abattre. Sa volonté était allumée par la sagesse de son défunt maître, Archibald, puis tous les citoyens qui étaient tombés dans l’explosion de Jest, principalement, son père. À peine vécu un quart de siècle, déjà sans amis, sans famille, sans domicile. Il était devenu un vagabond sans nom, maudit par les pouvoirs d’un fruit. Isaac continuait d’avancer en direction du port, bien que l’envie de chialer lui mettait une énorme pression dans la gorge, il ne combattait cette envie. Surtout que la présence de la foule lui mettait une énorme pression sur les épaules, ne voulant pas paraître pour un faible dans un endroit pareil. Il prit une bonne respiration, se secoua et se remit en marche. Il oubliait même les raisons pour lesquelles il voulait partir de Luvneel, mais il se devait de le faire.

Enfin arrivé au port de la capitale, Crowley sorti sa bourse de l’une des poches de son manteau, puis se mit en file avec d’autres citoyens, partant pour la toute première destination qui était affichée. « Spider Miles… J’ignore ce que tu m’apprendras, ou même ce que tu me réserves, mais j’espère que l’aventure que je débuterai sur toi, saura me mener là où il faut » pensait le jeune homme, qui se tourna en direction du château, parvenant à voir une légère fumée qui s’élevait derrière l’immeuble qui s’imposait sur la ville. Il fut bousculé par un homme qui le sortit de ses pensées, qui lui fit signe par la suite d’avancer vers le matelot, prêt à l’interroger.

- Votre nom et prénom ?

- Crowley, Isaac.

- Parfait, ça fera 100Berrys.

Le chimiste tendit la monnaie, puis se fit pointer du doigt de monter sur le pont du navire, qui fut ensuite escorté à la cale par un autre matelot, lui montrant où déposer ses effets personnels et quel lit lui était attribué. Il y déposa ses trucs au même moment que le matelot lui indiquait, puis remonta sur le pont, marchant vers la garde, s’y accoudant, admirant pour la dernière fois, le prestigieux royaume de Luvneel.


️ Code par Dehvi sur Never-Utopia