Where there's smoke, there's fire! [SOLO][TERMINÉ]

Where there's smoke, there's fire!

[SOLO]

Quelques jours s'écoulèrent depuis que le jeune Isaac fut forcé de manger ce fruit du démon. Quelques jours aussi, où il fut délaissé par son maître qui n'avait toujours pas donné signe de vie. Il profitait de la chambre, seul, laissé dans l'ignorance. C'est dans cette solitude que l'apprenti chimiste expérimenta l'étendue du pouvoir qu'il avait acquis dans ce café. Il repensa à la brûlure de son maître, réalisant peu à peu que son pouvoir puisait d'une source chaude.

Le virtuose se leva de son lit pour empoigner la chandelle qu'il observait depuis quelques minutes. Il s'assied en indien, puis posa la chandelle devant lui, ignorant totalement comment son pouvoir pourrait se manifester.

- Ô' fruit du démon… montre-moi comment puis-je me servir de ton pouvoir, marmona-t-il afin que personne dans l'auberge ne puisse l'entendre

Il se mit à agiter les bras de toutes les façons, dans l'espoir qu'une énergie quelconque allait sortir de ses mains. Mais en vain. Il laissa tomber ses bras, avant de se gratter la tête, ignorant comment utiliser son pouvoir.

- Visiblement… Ce n'est pas comme ça que j'arriverai à me servir de toi. Je devrais peut-être aller faire un tour en ville, histoire de trouver ce bon vieil Archibald, puisque visiblement, la solitude me rend fou, murmura-t-il.

Le jeune adulte appuya ses mains contre le sol puis se releva, légèrement étourdi, dû à une chute de pression. Tentant de conserver son équilibre, il fut dérangé par quelqu'un qui vint frapper à sa porte. Il s'avança lentement vers celle-ci, léger sur ses pieds afin de ne pas alarmer l'individu derrière la porte de sa présence. Sans réponse, l'inconnu se contenta de glisser une feuille sous la porte, suite à quoi, le plancher se mit à craquer sous le poids de la personne, qui s'éloignait peu à peu. Isaac bondit pour mettre la main sur la feuille et rapidement en lire son contenu.

« Rencontre-moi sur la plus haute colline… » furent les mots qui étaient inscrits sur le bout de papier. Méfiant, le maudit ignorait s'il s'agissait-là d'un danger, ou bien de potentielles informations quant à la localisation de son maître. Bien que mal en point dû à sa jambe, le jeune homme avait espoir d'obtenir les réponses à ses questions. Il enfila ses vêtements les plus chauds, puis quitta son auberge en direction de la plus haute colline de Luvneel.

Il avançait sans problème au travers les chemins enneigés, faisant même fondre la fine couche de neige. Peu à peu, la chaleur de son corps prenait le dessus, sentant même qu'il suffoquait sous ses vêtements.

« Putain… Je vais définitivement attraper un rhume si j'enlève un morceau… Mais j'en peux plus de cette chaleur insupportable. » pensait-il, tout en jetant son manteau dans un banc de neige, avant de continuer sa promenade.

Au bout de quelques heures d'explorations, s'émerveillant sur les paysages enneigés de Luvneel, Isaac parvint enfin à repérer la plus grande colline du pays, qu'il escalada rapidement. Le dessus de l'élévation était parsemé de quelques arbres, couvert de quelques flocons, des herbes, gelées, mais qui démontraient une volonté à survivre à cette température glaciale. Puis au centre, un petit campement, tenu au chaud que par un feu de camp. Un homme sorti de l'abri improvisé, puis pris place au bord du feu, une pipe dans la bouche. Un peu maigre, les cheveux vieillis par le temps ayant une teinte grise, de fins traits et une petite barbichette. Isaac était méfiant, bien qu'à première vue, l'homme ne semblait pas dangereux. Ce dernier pris une bonne bouffée de son calumet, puis la relâcha dans l'atmosphère.

- Alors, c'est toi le jeune Isaac. Questionna-t-il l'homme dont le nom était inconnu.

- Euh… oui, mais… qui êtes-vous? Rétorqua le jeune chimiste.

- Ne t'en fais pas avec moi. C'est le vieillard qui m'a demandé de t'aider. Il m'a dit que tu avais ingurgité un fruit maudit.

- Ingurgité… Vous voulez dire « forcé ». Ajouta Isaac.

- Ça n'a pas d'importance pour moi. Tu es maudit et tu auras essentiellement besoin de mon aide. Selon le vieux, tu aurais mangé un logia. L'individu fit une pause en prenant une autre bouffée de sa pipe. Encore une fois, selon lui, ça ne serait pas n'importe quel. Si je regarde autour de toi, la neige est fondue. Tu sais à quoi tu me fais penser ? Demanda-t-il à son jeune interlocuteur.

Isaac se gratta la tête, regardant autour de lui, avant de poser le regard sur la chose la plus évidente, le feu de camp.

- Ce feu ? Répondit-il, incertain.

L'homme sourit, puis hocha la tête positivement. Il se leva pour aller chercher un objet, puis revint prendre sa place.

- N'esquive rien. Ordonna-t-il au chimiste.

Les yeux du maudit s'ouvrirent à leur plein potentiel, figé par la peur, alors qu'un couteau était lancé vers lui. Isaac plaça ses mains devant lui tout en fermant les yeux, dans le but de se protéger, mais fût transpercer, sans douleur, par la lame.

Il rouvrit les yeux, puis analysa son corps, ne voyant aucune tache de sang. Par contre, il sentait une chaleur au niveau de sa poitrine. Il vit alors des flammes jaillir de son corps, scellant lentement l'ouverture laissée par l'arme qui l'avait transpercé.

- Le feu! S'exclama le jeune homme.

L'homme mystérieux afficha un sourire, puis pris de nouveau la parole.

- Le vieux avait raison. Tu as de la chance, petit. Des gens seraient prêts à donner leur famille pour posséder ce fruit. Maintenant que tu sais que tu peux devenir du feu, je veux que tu rallumes mon brasier. Dit-il au maudit, en éteignant les flammes avec un seul souffle.

Isaac ferma les yeux, focalisant sur la découverte d'une flamme intérieure. Puis, sans le réaliser, son bras droit pris la propriété du feu. Il trouva sa fameuse flamme, ouvrit les yeux qui brillaient par l'excitation et projeta une boule de feu dans la braise, qui se ralluma sans hésiter.

- J'ai réussi ! S'exclama-t-il, en sautant.

L'homme sourit de nouveau avant de féliciter le chimiste.

- Archibald aurait été fier de voir que tu as réussi. Mais il n'aura malheureusement pas la chance de te voir grandir dans ce monde…

- Que voulez-vous dire ?

- Comme tu le sais, mon père était vieux. Il était déjà mourant depuis 15 ans. C'est notamment pour ça qu'il s'était mis en retrait, loin de la société. Il souhaitait mourir dans la dignité, loin de tout le monde. Il m'a raconté vos aventures et m'a demandé de t'aider dans ces démarches. Mais voilà. Ton cheminement est déjà terminé. En étant conscient du pouvoir que tu possèdes, tout sera déjà plus facile. Tu seras en mesure de te défendre. Expliqua l'homme, avant de reprendre une bouffée de sa pipe.

- Archibald est mort… Il m'avait prévenu qu'il était devenu vieux… Mais j'ignorais que ses jours étaient comptés… J'espère qu'il est mort sans souffrir. Dit-il tout en baissant la tête.

- Ne t'inquiète pas. Dit-il d'un ton rassurant. Chose certaine, il croyait grandement en toi.
Isaac ne pouvait s'empêcher de sourire, laissant quelques larmes perler sur son visage.

- Je ferai vivre la volonté d'Archibald en consacrant ma vie à la chimie. J'aurais bien aimé le voir une dernière fois, mais hélas… Je vous remercie du fond du cœur monsieur…
Isaac s'interrompit, réalisant que ce dernier ne savait même pas le nom de l'homme qui venait tout juste de l'aider.

- Henry. Je m'appelle Henry. J'aurais dû me présenter plus tôt, cependant je suis plutôt nul pour ça. Comme tu peux le voir, j'habite en retrait, une chose que mon père m'a bien transmise. Je vois peu de gens et m'intéresse que très peu aux rencontres. Plus loin nous sommes de la société, plus nous serons heureux. Sur ce, il est temps pour moi de partir, je te souhaite bonne chance pour la suite jeune.

Henry, le fils de son feu-maître, plia ses bagages en quelques instants, transportant tout son campement sur son dos, ne laissant que le feu comme preuve de son passage. Le chimiste observait le fils de son mentor qui s'enfonçait plus loin sur l'île, puis une fois qu'il n'était plus capable de le voir, Isaac s'assied au côté du feu, seul, contemplant les flammes qu'il avait allumées.